Le marché mondial du cacao connaît actuellement une crise sans précédent, avec des prix qui flambent en réponse à une offre réduite et à une demande soutenue. Cette situation bouleverse les représentations traditionnelles de la cacao-culture au Cameroun, anciennement fragilisée par la baisse d’attractivité auprès des jeunes générations. Aujourd’hui, ce contexte inédit suscite un regain d’intérêt pour cette culture, parfois perçue comme désuète, mais qui redevient un moteur économique potentiel pour une jeunesse en quête d’opportunités concrètes.
Une flambée des prix qui redéfinit les perspectives économiques
Depuis 2024, les prix mondiaux du cacao ont explosé, dépassant les 10 000 USD par tonne, soit une hausse impressionnante de près de 150 % sur un an, suite à des conditions climatiques difficiles et des crises sanitaires en Côte d’Ivoire et au Ghana [1]. Sur le plan national, ces tensions internationales se traduisent par une forte revalorisation des producteurs camerounais : les coûts à Douala ont grimpé de CFA 3 400–3 750 à CFA 4 000–4 200 par kg en l’espace de deux semaines à la fin de novembre 2024, selon le SIF de l’ONCC [2]. En février 2025, des ventes collectives impressionnantes dans la région d’Abong-Mbang ont permis aux producteurs d’atteindre jusqu’à CFA 5 035 par kg [3], dépassant les taux déjà records de la saison précédente (CFA 4 225/kg en mars 2024) [4].
Une jeunesse redynamisée entre innovation et retour au champ
Face à ce contexte propice, des jeunes camerounais, souvent issus de zones urbaines ou formés dans des domaines non agricoles, redécouvrent le potentiel de la cacao-culture. Des initiatives comme « Un Jeune, Une Cacaoyère » dans les environs d’Okola démontrent cette dynamique : une cinquantaine de jeunes ont reçu des plants et un appui technique pour s’engager concrètement dans la culture du cacao. Par ailleurs, des programmes internationaux comme le Global Youth Leadership for Sustainable Cocoa (GYLSCO), impliquant le Cameroun, visent à intégrer les jeunes dans une filière durable en les formant et en valorisant leur rôle actif [5].
Egalement disponible: Impacts du changement climatique sur la production cacaoyère en Afrique de l’Ouest
Défis persistants malgré la conjoncture favorable
Cet engouement renouvelé ne s’affranchit pas pour autant des obstacles structurels. L’accès au foncier reste un problème majeur, car beaucoup de jeunes dépendent de terres familiales limitées. Le financement demeure difficile, les banques restant sceptiques face aux risques agricoles. De plus, la volatilité des prix du cacao expose les nouveaux producteurs à des fluctuations brutales pouvant compromettre la stabilité de leurs revenus. Enfin, la durabilité de cette relance est conditionnée à des pratiques respectueuses de l’environnement, afin d’éviter la dégradation des sols ou l’épuisement des ressources naturelles.
Une opportunité structurante pour une filière durable et inclusive
Pour transformer cet enthousiasme en dynamique de long terme, les jeunes acteurs ont besoin d’un cadre incitatif. Il s’agit d’un accès facilité au crédit, formation technique ciblée, soutien à l’organisation collective et valorisation des initiatives locales. Si ces mesures venaient à être mises en œuvre, le secteur cacaoyer camerounais pourrait renouer avec une trajectoire durable, innovante et inclusive. Les jeunes, s’ils sont bien soutenus, pourraient ainsi devenir les piliers d’un renouveau de la filière. Ceci en assurant la sécurité économique de leurs ménages et la modernisation de l’économie rurale.
Conclusion
L’envolée actuelle des prix du cacao offre aux jeunes Camerounais une fenêtre unique pour redonner vie à une culture longtemps boudée. Au-delà de l’effet conjoncturel, il s’agit aujourd’hui d’une opportunité historique. Elle est celle de positionner une nouvelle génération comme acteur clé d’une filière cacaoyère performante, durable et tournée vers l’avenir. Pour concrétiser ce potentiel, il faudra mobiliser formations, accompagnement institutionnel et stratégies d’inclusion sectorielle.
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Références
[1] Flambée des prix : +150 % en un an, prix au-dessus de 10 000 USD/tonne Investopedia
[2] Hausse des cours à Douala de CFA 3 400–3 750 à CFA 4 000–4 200 en 2 semaines Business in Cameroon
[3] Vente collective à Abong-Mbang à CFA 5 035/kg en février 2025 Business in Cameroon
[4] Record de CFA 4 225/kg en mars 2024 foodbusinessafrica.com
[5] Initiatives « Un Jeune, Une Cacaoyère » et GYLSCO au Cameroun
Direction des Opérations de Bonabéri, Douala, Cameroun.
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