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Comment est structurée la filière cacao au Cameroun ?

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La filière cacao

Temps de lecture: 9 minutes

Le cacao est extrait d’un fruit appelé cabosse du cacaoyer (Theobroma cacao L). Cet arbre, originaire d’Amazonie appartient à la famille des Sterculiacées.

Au Cameroun, le cacao est le premier produit d’exportation après le pétrole. Il représente maintenant environ 25% de la valeur totale des exportations du pays. Il est cultivé dans 7 des 10 régions camerounaises et couvre une superficie d’environ 400.000 hectares [1].

1. Les acteurs clés de la filière cacao au Cameroun

Avec plus de 292 000 tonnes de cacao exportées lors de la campagne 2020-2021, le Cameroun est le 4ème pays producteur dans le monde. Et par ailleurs le 3ème pays producteur sur le continent africain après le Ghana et la Côte d’Ivoire [2].

Jusqu’ici, le Cameroun se distingue de ces pays par la préservation de son massif forestier. Selon la FAO, de 1990 à 2020, la Côte d’Ivoire a perdu 50% de ses forêts, le Ghana 22% et le Cameroun près de 11%. En 2020, les forêts couvraient donc encore 40% du territoire camerounais.

En 2009/2010, la récolte du cacao au Cameroun a atteint un niveau de 197.000 tonnes. Les principales zones de production de cacao au Cameroun sont situées dans les régions Sud-Ouest (50% de la production totale), Centre (35%), Sud (10%), et Est (5%) [3]. Kumba dans la région Sud-Ouest est connu comme le plus grand centre commercial de cacao dans la région d’Afrique centrale.

Plus de 1,6 millions de petits exploitants d’une superficie moyenne de 1 ha cultivent le cacao dans un système agricole mixte en association avec d’autres cultures vivrières. Selon la CNUCED/OMC (2001), il est possible d’obtenir jusqu’à 2500 kg (2,5 tonnes) par hectare de cacao en appliquant de bonnes pratiques agricoles et en utilisant des variétés améliorées.

Contexte

Une partie est transformée localement, mais environ 90% du cacao est exporté vers l’Europe. Et ceux en particulier aux Pays-Bas, comme matière première pour les chocolatiers et l’industrie de la confiserie. Les trois plus grands acheteurs du cacao du Cameroun sont : Archer Daniels Midland (ADM), Cargill et Barry Callebaut. CAMACO (Cameroun Marketing Company), Olam – Usicam, SIC Cacaos SA, Telcar Cocoa Ltd et SOCACAO comptent parmi les plus grandes entreprises transformatrices et exportatrices locales.

Une majorité des entreprises locales sont des filiales des grandes multinationales dans le commerce mondial du cacao. Le 31 août 2006, par exemple, Barry Callebaut possédait 99,95% de SIC Cacaos SA, le transformateur local et ADM – en collaboration avec Olam, un fournisseur de fèves de cacao basé à Singapour, a acquis Usicam, une des plus grandes usines dans le séchage, le nettoyage, l’entreposage du cacao et d’autres activités au Cameroun sans cesse croissants jusqu’à nos jours.

Ainsi deux acteurs clés : les producteurs locaux (paysans) et les grands acheteurs et/ou transformateurs de cacao au milieu duquel plusieurs organismes de régulation et acteurs intermédiaires interviennent.

Également disponible : La filière de L’or vert : une aubaine pour l’Afrique ?

2. Le prix du Cacao au Cameroun : un élément crucial de la filière cacao

Sur le site de l’Office national du cacao et du café, le prix actuel est compris entre 4700 et 5000 FCFA.

Prix actuel du cacao au Cameroun, ONCC. Crédit photo : Fabrik Aliments
Prix actuel du cacao au Cameroun, ONCC. Crédit photo : Fabrik Aliments

Le système de vente au Cameroun du cacao sur le marché intérieur est complètement libéralisé [4].

En 2019, le gouvernement du pays a introduit des licences formelles pour les ventes groupées de cacao sur la base des prix de référence publiés par l’Office national du café et du cacao (ONCC), qui surveille la qualité et surveille les exportations. En plus, La prolifération des acteurs commerciaux au cours de la dernière décennie a accru la concurrence et augmenté les prix accordés aux producteurs. Ainsi, grâce à ce système, basé sur les mêmes principes que les enchères, les opérateurs peuvent, à travers le groupe, négocier les prix d’achat directement avec des sociétés multinationales ou des transformateurs locaux, en fonction du meilleur prix proposé sur le marché et du volume et de la qualité de la production

*Fèves de cacao et cabosses de cacaoyer à maturité.* *Crédit photo : Lou Crinou*
*Fèves de cacao et cabosses de cacaoyer à maturité.*
*Crédit photo : Lou Crinou*

Contexte

Le Cameroun, troisième producteur africain de cacao a expédié 186 754 tonnes de fèves au cours de la saison 2022-2023 sur le marché international selon l’Office national du cacao et du café (ONCC). Et sur précédente campagne qui s’est étalée du 1er août 2022 au 15 juillet 2023, ceci a quelques heures du lancement de la campagne cacaoyère 2023/2024.

Un volume est en baisse de 32 238 tonnes (-14,7%) par rapport aux 218 992 tonnes de la campagne précédente [5]. Affectant cette baisse de régime à l’insécurité dans les régions sud-ouest (chute de 40%) et nord-ouest ( chute de 90%) du Cameroun. Et aussi aux exportations frauduleuses vers le Nigéria, nous notons que dans le circuit formel, Telcar Cocoa, le négociant local de la firme américaine Cargill maintient son leadership avec 35,82% des exportations du cacao camerounais, devançant Olam et SBET où ensemble ces 3 opérateurs ont cumulé 70,29% du marché des exportations du cacao au Cameroun. Sur la base de l’analyse de l’indice RXA ( Relative Export Advantage de Vollrath) on peut conclure qu’en secteur d’exportation du cacao, le Cameroun dispose d’un avantage comparatif [6].

Conclusion

Les fèves de cacao brutes sont la première denrée exportée vers le Cameroun. Le cacao est également une ressource stratégique pour le Cameroun, devenant la quatrième ressource en devises du pays (11,3% des exportations) en 2021 après les hydrocarbures (38,3%) et le bois pour les grumes et les constructions en bois (15,3%) selon les données de l’ INS (institut national de la statistique). Une filière porteuse qui lui vaut bien son nom d’or brun pour ses acteurs actuels et certainement pour les futurs acteurs.

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Sources:

[1]. Les systèmes agroforestiers à base cacaoyer au Cameroun, AFS4food, Projet de recherche, EuropeAid, union africaine, 2012-2015.

[2]. Traçabilité, transparence et durabilité dans la filière cacao au Cameroun, par Thomas Fabre, Simon Bassanaga, Pierre Ricau, Ghislain Fomou et Elsa Sanial. Août 2022, EFI.

[3]. Indications géographiques : défis et opportunités pour le secteur café – cacao au Cameroun, par Louis Hinzen (CTA), Vincent Fautrel (CTA), Massimo Vittori (OriGIn), Pierre Etoa (ONCC), et Didier Chabrol (CIRAD/UMR Innovation); Rapport de l’atelier tenu à Yaoundé, Cameroun 28 – 30 septembre 2010; décembre 2010 (version finale).

[4]. Cacao : comprendre pourquoi le prix aux planteurs au Cameroun atteint 4 fois celui de la Côte d’Ivoire, par investir au Cameroun, article, mars 2024.

[5]. Cameroun : Les exportations de cacao ont généré 265 milliards FCFA de revenus, par Sika finance, article, juillet 2024.

[6]. CAMEROON’S COMPARATIVE ADVANTAGE IN THE INTERNATIONAL COCOA MARKET, par Amadou Merleau NSANGOU POFOURA, Veli Anil Çakan et Tolga Tipi, Mars 2023, conference paper ( https://www.researchgate.net/publication/376228137_CAMEROON’S_COMPARATIVE_ADVANTAGE_IN_THE_INTERNATIONAL_COCOA_MARKET?_sg=laEvvMR-xABKkTFV8h08Ap_PsHZPk-JaTukUXZuwIY6rnPSJrIPQWOOpowpfT8UBNv6O-Da9c5G6LOs&_tp=eyJjb250ZXh0Ijp7ImZpcnN0UGFnZSI6Il9kaXJlY3QiLCJwYWdlIjoiX2RpcmVjdCJ9fQ )

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