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Le blé, qui fait partie des trois grandes céréales avec le maïs et le riz, occupe une place non refutable dans l’alimentation des camerounais.

Le blé : définition et particularité

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« Blé » est un terme générique qui désigne plusieurs céréales appartenant au genre Triticum, plantes annuelles de la famille des graminées, cultivées dans de très nombreux pays [1]. Sa consommation remonte à la plus haute Antiquité avec l’engrain et l’amidonnier.

Ces deux espèces ont été domestiquées au Proche-Orient à partir de deux blés sauvages. Aujourd’hui les variétés de blés tendres (cultivés pour faire la farine panifiable utilisé pour le pain) ou durs (très riches en gluten et utilisés pour semoules et pâtes alimentaires) proposées sont bien adaptées à la production. Ca se fait en céréaliculture industrielle caractérisée par l’apport intensif d’intrants chimiques et une forte mécanisation. Au même titre qu’à la consommation de masse. Du fait de rendements élevés, mais n’ont pas les qualités nutritives et organoleptiques à nouveau demandées aujourd’hui dans le cadre d’une agriculture plus résiliente et d’une alimentation « naturelle ».

Le blé trouve son importance dans la variété de produits qu’elle offre tels que pains, farines, céréales, bières, pâtes, desserts, etc. Ces derniers sont ancrées dans l’alimentation quotidienne. Difficile aujourd’hui de ne pas voir les enfants en raffoler au petit-déjeuner et au déjeuner sans oublier le dîner. De quoi dire que la filière blé au Cameroun s’est bien assise mais quels en sont les détails majeurs sur l’économie et l’agriculture camerounaise?

La filière blé au Cameroun : une consommation sans cesse rebondissante

Au Cameroun, le blé est la seconde céréale la plus consommée après le maïs. La production actuelle du blé est en deçà du besoin de consommation du pays estimé à plus de 900 000 tonnes/an. Donc le pays importe 100% de la demande de blé sur le marché international [2].

Les productions locales de céréales ou tubercules suffisent le plus souvent pour suppléer l’absence de production traditionnelle de blé. La consommation de pain ne comble pas une carence alimentaire, ce qui ne l’empêche pas de se développer rapidement. Ne pouvant ou ne désirant pas freiner une tendance de leurs consommateurs jugée irréversible, les responsables africains tentent de surmonter tant bien que mal cette nouvelle dépendance alimentaire» [3]. Il détaille ainsi le début et l’accroissement du phénomène d’importation du blé par le Cameroun auprès des pays fournisseurs bien qu’il ait pas raison valable réelle[6].

Ce phénomène a réellement ancré la filière blé car encore aujourd’hui les importations sont de plus en plus importante. Avec une dépense de plus de 548 milliards de FCFA pour les importations du blé au cours de la période 2012-2017 d’après les données chiffrées du Centre international du commerce (CCI, ou International Trade Centre, ITC).

Les quantités de blé importée du Cameroun

Selon l’Institut national de la Statique(INS), le Cameroun a importé 920 400 tonnes de blé en 2022 pour une valeur de 260,7 milliards de Fcfa auprès de 10 principaux pays. En effet, la guerre entre la Russie et l’Ukraine (respectivement 1ère et 4e fournisseur de blé au Cameroun en 2021) a handicapé le principal fournisseur du pays. Le Cameroun s’est tourné vers 05 autres pays pour continuer à satisfaire la demande nationale, l’offre étant encore insuffisante.

Les cinq nouveaux fournisseurs de blé ont globalement contribué à hauteur de 263 200 tonnes pour 81,3 milliards de Fcfa (31,1%) de la valeur totale des importations. Soit la Pologne (14,1%), les Etats-Unis (6%), l’Estonie (5,9%), l’Allemagne (2,9%%) et l’Uruguay (2,2%). C’est dire que n’eut été l’intervention de ceux-ci, le Cameroun n’aurait obtenu que 657 200 tonnes de blé en 2022. N’oublions pas que le Cameroun a importé peu en volume en 2022 et a dépensé plus par rapport à 2021. Soit 966 000 tonnes de blé importées en 2021 pour 182,7 milliards de Fcfa contre 920 400 tonnes pour 260,7 milliards de Fcfa.

La crise russo-ukrainienne a mis à nu qu’un Cameroun sans blé serait dévastateur car cette crise s’est faite ressentir dans l’alimentation de la population. En outre les prix de la farine de blé et du pain sur le marché local ont une tendance croissante avec la première augmentation qui a eu lieu en mars 2022. Une baguette de pain de 200g était vendue à 150 F au lieu des 125 F. Ces prix étaient pourtant appliqués depuis 2008 ainsi que le prix du sac de 50 kg de farine de blé qui passait de 19 000 à 24 000 Fcfa.

417 milliards de Fcfa pour développer la filière blé au Cameroun

Les solutions prises pour la filière blé au Cameroun ne datent pas d’aujourd’hui. Du rendu de Jean BOUTRAIS, il ressort que le Cameroun a tout d’abord eu recours à une solution commune de la plupart des pays africains dépendants. Cette solution était celle des minoteries locales pour moudre le blé en grain importé au lieu de la farine résolvant certaines problèmes.

Ces problèmes sont ceux de la conservation des stocks et des sous-produits utilisables en élevage mais qui jusque-là ne résout pas grand chose: la demande en farine est plus grande. Malgré que d’autres pays passent à la substitution, le Cameroun n’y recours pas encore (années 70). Il s’engage plutôt dans la culture du blé pour s’assurer en quelques années son indépendance alimentaire. Ainsi le 3e plan quinquennal (1971-1976) prévoit déjà de satisfaire 10 à 20% des besoins nationaux avant 1976 par la création de la SODEBLE (Société de développement de la culture et de la transformation de Blé) en 1975 date du passage de la phase d’essais à celle de production.

Le Cameroun pour une production et une transformation totale du blé dans son pays

Cette enveloppe, validé le 5 janvier 2024 dans le cadre du développement de la filière blé va servir à financer le plan quinquennal de développement de la filière sur une période de 5 ans (2024-2028). Il vise à réduire de 35 % les importations de cette céréale par un déploiement sur trois axes:

• Redynamisation du dispositif de recherche-vulgarisation; Appui-conseil et valorisation de la culture durable du blé;
• Améliorer la production, productivité et la compétitivité de la filière;
• La structuration, le financement et la commercialisation de la céréale blé camerounaise.

Financé par le gouvernement et ses partenaires financiers, il a pour objectif principal de relancer la production et la transformation du blé dans le pays. Par la suite, à terme ce plan conduit par le ministre de l’agriculture et du développement rural (Minader) permettra de produire près de 350.000 tonnes de blé marchand à l’horizon 2028. Ce dernier dit que le pays dispose de plus de 30 départements propices au développement de cette culture et environ 12 entreprises meunières dont 9 déjà officiellement opérationnelles.

Politique d’import-substitution au Cameroun: les grandes difficultés de la filière blé

Il s’agit d’un projet qui vise à réduire considérablement l’importation de la farine de blé. Elle est très onéreuse des devises du pays ainsi toute finalité dans ce sens est promue, en ce moment, par l’État [4].

En 2022, L’Institut de recherche agricole pour le développement (Irad) a publié une note expliquant la question. Pourquoi, malgré des expérimentations avec succès des variétés de blé tendre (pain) et blé dur (spaghettis) dans cinq zones agro-écologiques du Cameroun, la culture à grande échelle (production actuelle étant très faible soit 60 tonnes/ha) n’est pas au rendez-vous. Malgré les avancées de la recherche agricole, les moyens financiers (…) très limités ne permettent pas une transformation à grande échelle de la chaîne de valeur du blé au Cameroun.

D’où la nécessité de développer des initiatives d’investissements. Ceux-ci vont permettre à notre pays de gagner en autonomie d’intrants locaux pour ravitailler les industries camerounaises; explique l’Irad.

Les réalités du marché du blé local

Pour rappel en juin 2023, le Minader, Gabriel Mbairobé, indiquait « qu’ il est en réalité moins cher d’importer le blé que de le produire localement parce qu’il n’est soumis à aucune taxe ». Il a aussi souligné lors de l’atelier de validation du plan quinquennal que si cette option n’est pas fructueuse, la deuxième option serait de produire des farines panifiées à base de matière première locales (manioc, patates douces, plantain) afin de réduire d’au moins 30% les importations.

S’agissant de la compétitivité des farines panifiables à base de manioc, banane plantain et patate douce, plusieurs institutions d’enseignement et de recherche nationales et internationales se sont penchés sur le sujet. Dans la dynamique « made in Cameroun » et les résultats ont évolué et sont prometteurs. Néanmoins on note une faible compétitivité des farines locales sur les marchés domestiques. Une production peu mise en œuvre qui se justifierait selon un article de recherche de Cahiers Agricultures «Tout d’abord, le prix de la banane plantain fraîche étant quasiment le double de celui du manioc frais. Les potentialités d’usage de la banane plantain pour produire de la farine à usage industriel sont improbables au regard du coût de la matière première » [5].

Les facteurs d’émergence des PME ont un impact crucial dans l’atteinte de la demande nationale en farine panifiables locales. Soit de 50000 tonnes (2018) avec un taux d’incorporation minimale de 10% en boulangerie et pâtisserie.

La culture du blé au Cameroun

Au Cameroun, le blé peut être produit de manière optimale dans la zone des hauts plateaux de l’Ouest. Elle regroupe les régions de l’Ouest et du Nord-Ouest et dans la zone des hautes savanes guinéennes que sont l’Adamaoua, le Nord de la région de l’Est.

Le cycle de production du blé varie entre 90 et 120 jours. Pour produire le blé, le climat doit avoir les températures comprises entre -6° C et +20° C. L’idéal étant un climat chaud avant la croissance et des conditions d’ensoleillement au cours des étapes ultimes[8].

Lire aussi :Lyophilisation des aliments : Innovations et défis pour l’industrie agroalimentaire

Pourquoi et comment il faut investir dans le Blé ?

Afrique INFOS nous relate une culture de blé qui renaît de la SODEBLE et qui permet aux habitants de vivre. Le blé local se fait une place importante dans l’économie camerounaise, les entreprises locales affectionnant cette dernière. Ce rebondissement, avec les 417 milliards investit et le concours de L’ IRAD nous rassure quant aux objectifs de ce plan quinquennal. Une dynamique dans l’agriculture locale qui va propulser le Cameroun à un autre niveau économique et autonome plus grands.

Investir dans le blé devient aussi facile à l’ère des nouvelles technologies : «Cultivé partout dans le monde, le blé est une céréale qui a toujours éveillé l’intérêt des investisseurs. Puisqu’il s’agit de l’un des composants alimentaires les plus importants. Le trading des matières premières permet aux traders de participer aux marchés agricoles sans forcément détenir des tonnes réelles de blé »[7], nous dit Avatrade. Ceci montre que tous Africains et particulièrement Camerounais, nous nous devons de prendre part de façon active à la résolution et au positionnement dans cette filière majeure.

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Sources

[1]. Wikipédia ( https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Blé)

[2].ecomatin.net (https://ecomatin.net/417-milliards-de-fcfa-pour-developper-la-filiere-ble-au-cameroun)

[3]. Une agriculture sans paysans: la grande culture de blé au Cameroun, de Jean BOUTRAIS, géographe à l’ORSTOM, janv-mars 1982, p.51 ( https://www.persee.fr/doc/ecoru_0013-0559_1982_num_147_1_2835)

[4]. mediaterre.org ( https://www.mediaterre.org/actu,20230306111130,6.html)

[5]. Politique d’import-substitution au blé et compétitivité des farines panifiables à base de manioc, banane plantain et patate douce au Cameroun, Article de recherche dans Cahier Agricultures, par Eric Joël Fofiri Nzossié et LudovicTemple, septembre 2023.

[6]. Une agriculture sans paysans: la grande culture de blé au Cameroun, de Jean BOUTRAIS, géographe à l’ORSTOM, janv-mars 1982, p.53 ( https://www.persee.fr/doc/ecoru_0013-0559_1982_num_147_1_2835)

[7]. Avatrade.fr (https://www.avatrade.fr/trading-info/financial-instruments-index/commodities/wheat#:~:text=Un autre avantage de la,mondial de commerce de marchandises.)

[8]. La voix du paysan (https://www.lavoixdupaysan.net/cameroun-technique-de-production-du-ble/#:~:text=Au Cameroun%2C le blé peut,entre 90 et 120 jours.)

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