L’élevage urbain semble plus actif dans les petites et moyennes villes où le continuum rural est plus marqué. Les ménages à faible revenu ou en crise d’emploi retournent facilement à l’agriculture et à l’élevage urbain. Dans tous les cas, le cours de la vie des citadins, les événements conjoncturels, la perte de l’emploi, les baisses de salaire et les crises socioprofessionnelles conduisent facilement à l’élevage urbain.
L’activité tend à ne plus être uniquement conjoncturelle. Elle devient permanente, structure l’économie familiale et permet de survivre durablement en ville. En tant que tel, cet article s’intéresse aux pratiques quotidiennes des acteurs. Ces derniers fortement encouragés par le commerce ont plusieurs systèmes d’élevage et des activités qui affectent leur organisation quotidienne.
1-Les motivations de l’élevage urbain
L’élevage urbain est encouragé par plusieurs motivations. La raison dominante à l’Ouest-Cameroun est d’ordre commercial (60%), d’autoconsommation (15%), culturelle (12%) et de loisirs (8%).

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2- Elevage urbain : une activité destinée à un marché florissant
A Dschang, Mbouda et Foumbot, l’élevage occupe une place de choix. Il est pratiqué à des fins commerciales. La vente des extrants se fait à la ferme, sur le marché ou à travers un service traiteur. Cette vente fournit des revenus permettant de satisfaire les besoins de base. Financièrement, tous les types d’élevage (poules, porcs, vaches laitières…) sont rentables. Les situations de crise comme la perte d’emploi ou du chef de ménage poussent à devenir éleveur. Cette activité devient le levier économique pour assurer les charges familiales.

Une femme pratiquant l’élevage depuis la mort de son mari a aujourd’hui un cheptel de 10 poules locales, deux coqs et plusieurs poussins. Ce sont les revenus de cette activité qui lui permettent d’acheter des ingrédients pour préparer ce qu’elle a obtenu des champs. Lorsqu’il y a un manque à la cuisine comme l’huile rouge, le cube, le sel ou le poisson fumé, le jour du marché (Ngang ou Meta), elle vend un poussin ou des œufs pour le combler.
Le marché Camerounais
Le prix d’un poussin varie entre 700 FCFA et 1000 FCFA, un montant suffisant pour acheter un à deux litres d’huile de palme. L’argent issu de la vente d’œufs peut être utilisé pour l’acquisition du cube, du poisson ou même servir de complément pour l’achat de l’huile. En effet, en vendant 5 à 6 œufs de poules à raison de 100FCFA l’unité, il est facile d’obtenir un litre d’huile de palme ou du poisson. En vendant des poules, elle cotise à la tontine, paye les frais de scolarité et s’occupe des soins des enfants. C’est comme cela que la vie est organisée chez cette veuve[1].
En dehors de l’élevage des poules locales, celui des porcs est une activité florissante permettant à ses éleveurs de mieux vivre (encadré 2). Les éleveurs de porcs dans les villes moyennes (Dschang, Mbouda et Foumbot) comptent sur leur activité pour assurer l’éducation de leurs enfants. Ils achètent les fournitures solaires, payent les frais de scolarité et les cours de répétition aux enfants. Dans d’autres cas ces revenus servent à l’équipement des maisons.
D’autres réalités dans les régions du Cameroun
Dans la ville de Foumbot au quartier Koundoumbain, une petite communauté constituée essentiellement de musulmans (95%) ne vit que grâce à l’élevage de la vache laitière. C’est autour de la vente quotidienne du lait que s’organise les petites dépenses (achat des produits agricoles, équipement de la maison, argent de poche, ration quotidienne). Les dépenses importantes nécessitent la vente des animaux.
C’est ainsi qu’en vendant une vache à 500 000FCFA, un éleveur s’est acheté une moto neuve. Un autre a vendu son animal à 650 000 FCFA pour tôler sa maison. Le grand élevage génère les revenus plus importants d’où de grandes réalisations comme la construction des maisons ou l’envoie de l’enfant à l’étranger. C’est le cas d’un éleveur de 30 000 pondeuses à Foumbot qui a construit des maisons modernes et d’un autre ayant 130 porcs à Mbouda qui a envoyé son enfant en Amérique. L’élevage est donc une activité rentable et le degré d’investissement est fonction des revenus obtenus.
3- Elevage pour la consommation
La vie urbaine est caractérisée par une importante consommation des produits d’élevage. En moyenne 15% de citadins élèvent des animaux pour leur propre consommation. Il s’agit essentiellement de poulet, mouton, chèvre et lapin. La viande blanche et celle sans graisse sont plus prisées, raison pour laquelle il est observé un développement de la cuniculture et de l’aviculture dans toutes les villes étudiées.
Le lapin possède des vertus diététiques spéciales pour les consommateurs. Il en est de même des « poulets bio », c’est à-dire élevés avec peu ou sans produits chimiques. Les citadins aux revenus faibles intègrent l’élevage dans leur mode de vie pour apporter des protéines animales dans leur alimentation. Les périodes de fêtes (musulmanes, chrétiennes ou païennes) sont les moments de forte consommation.
4- Des motivations culturelles renforcées par les rapports ville-campagne
Les raisons culturelles englobent l’élevage pour les fêtes religieuses, les funérailles, les cérémonies diverses, etc. Traditionnellement, l’Ouest est le berceau de deux ethnies : Bamoun et Bamiléké. Les Bamouns, dominés par les musulmans sont les autochtones du département du Noun et sont fortement présents dans la ville de Foumbot. Les Bamilékés appartenant à plusieurs religions, peuplent les autres départements. L’élevage des espèces caprines, ovines, porcines et volailles locales est fortement guidé par les cultures locales.

Le nombre d’éleveurs de chaque espèce varie d’une ville à l’autre. Les éleveurs de petits ruminants (caprins et ovins) sont plus nombreux dans la ville de Foumbot (8,39 %) par rapport à Dschang (5,06 %) et Mbouda (6,51%) en raison des pratiques musulmanes. Ceux de porcs et poules locales sont majoritaires dans les villes de Mbouda (34,77%) et Dschang (31,15%) pour les pratiques traditionnelles. Ils ne représentent que 14,12% à Foumbot.
Le porc est le principal animal culturel à Dschang et Mbouda. Il est utilisé lors des cérémonies traditionnelles comme les funérailles, les deuils, la dot, etc. chez les Bamilékés. La poule locale et ses œufs sont aussi utilisés chez les Bamilékés pour les cérémonies traditionnelles.
Conclusion
Ces pratiques traditionnelles favorisent l’essor de l’élevage sur divers types d’espace en ville. Ainsi, les pièces non occupées dans les domiciles, la véranda, les espaces derrière les maisons ou le reste de terrain non construit reçoivent les animaux.
Généralement, le porc est logé derrière la maison sur pilotis et la volaille devant. Les lapins ont leur clapier sur la véranda. Sur le reste de terrain, se trouve la ferme qui épouse ses contours. Les porcs, les chèvres, la volaille occupent aussi les chambres. Les interstices sont utilisés comme pâturage ou zone de production du fourrage. Ces pratiques d’élevage urbain sont communes à celle des campagnes.
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SOURCES :
European Scientific Journal June 2020 edition Vol.16, No.17 ISSN: 1857-7881 (Print) e – ISSN 1857-7431 [1] Entretien avec une ménagère au quartier Foto à Dschang, le 20 avril 2019 Tiré du journal Elevage Urbain : Pratiques Quotidiennes dans les Villes Moyennes de L’ouest-Cameroun Par Djeugap Guedia Amélie Mermoze, Doctorante, Université de Dschang, Département de géographie, Centre d’Etudes et de Recherche en Espaces, Arts, et Humanités (CEREAH), Cameroun

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